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jetait de chaque côté sur l’herbe en deux parties égales.

Souvent le même coup d’estoc tuait le cheval avec le maître. Les têtes volaient loin des épaules, et les bustes étaient séparés net des hanches. Parfois, d’un seul coup, cinq combattants, et. même plus, étaient fendus en deux ; j’en dirais davantage, si je ne craignais d’être accusé de mensonge ; mais c’est inutile.

Le bon Turpin, qui sait qu’il dit la vérité, laisse croire à chacun ce qui lui plaît, et raconte, au sujet de Roger, des choses si merveilleuses, qu’en les entendant, vous le traiteriez de menteur. De même, chaque guerrier paraît de glace près de Marphise, plus ardente que le feu. Elle n’attire pas moins les regards de Roger, que la.haute valeur de celui-ci n’excite sa propre admiration.

Et si elle l’avait comparé à Mars, il l’aurait, de son côté, comparée à Bellone s’il avait su qu’elle était femme. Mais tout, dans l’aspect de sa personne, semblait indiquer le contraire. Une sorte d’émulation s’élève entre eux, au grand détriment de leurs malheureux ennemis, dont la chair, le sang, les nerfs, les os, servent à montrer lequel des deux déploie le plus de force.

L’audace et le courage des quatre champions suffisent à mettre les deux troupes en déroute. Les fuyards ne conservaient que leurs armes de dessous. Heureux ceux dont le cheval était.bon coureur, car ce n’était point là le cas d’aller, à l’amble ou au trot. Ceux qui n’avaient point de