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de l’avoir chassée devant lui jusque dans le camp du roi d’Afrique. Alors il lui dit : « Attends-toi à un traitement pire, si je te vois encore hors de ce camp. »

Bien que la Discorde ait le dos et les bras rompus, comme elle craint de se trouver une autre fois sous cette averse de coups, comme elle redoute la fureur de Michel, elle court prendre ses soufflets, et redoublant les feux déjà allumés, en allumant de nouveaux, elle fait jaillir de tous les cœurs un immense incendie de colère.

Elle embrase tellement Rodomont, Mandricard et Roger, qu’à peine les païens victorieux sont-ils délivrés de Charles, les trois chevaliers s’en viennent ensemble devant le roi maure. Ils lui racontent leurs différends ; ils lui en disent la cause et l’objet ; puis ils s’en remettent à lui pour décider lesquels d’entre eux doivent combattre les premiers.

Marphise expose aussi son cas, et dit qu’elle veut finir le combat qu’elle a commencé avec le Tartare. Ayant été provoquée par lui, elle ne veut ni céder son tour à un autre, ni différer le combat d’un jour, d’une heure. Elle insiste vivement pour que la bataille avec le Tartare lui soit accordée avant les autres.

Rodomont n’est pas moins résolu à avoir le premier le champ libre, afin de terminer avec son rival la querelle qu’il a interrompue pour venir au secours du camp africain, et qu’il a dû suspendre jusqu’à ce moment. Roger l’interrompt, et dit qu’il a souffert trop longtemps que Rodomont