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camp, il était retourné à Paris. Là, il avait fouillé tous les monastères de femmes, les maisons, les châteaux. Amant infatigable, il aurait trouvé sa maîtresse, si elle avait été dans ces murs. Voyant enfin que ni elle ni Roland ne s’y trouvaient, il partit avec la ferme volonté de les chercher tous les deux.

Il pensa d’abord que Roland jouissait d’elle, au sein des fêtes et des jeux, dans ses châteaux d’Anglante et de Blaye. Il y courut, mais il ne la trouva dans aucun de ces deux endroits. Il retourna alors à Paris, comptant saisir bientôt le paladin à son retour, car il ne pouvait prolonger son absence loin de l’armée sans encourir un blâme sévère.

Renaud séjourna un jour ou deux dans la cité. Puis, Roland ne revenant pas, il reprit ses recherches, tantôt vers Anglante, tantôt vers Blaye, toujours en quête d’apprendre des nouvelles d’Angélique ; chevauchant de nuit et de jour, à la fraîcheur de l’aube ou à l’heure ardente de midi, il fit, sous la lumière du soleil et de la lune, non pas une fois, mais deux cents fois ce chemin.

Mais l’antique ennemi, celui qui poussa Ève à lever la main vers le fruit défendu, jeta un jour ses yeux livides du côté de Charles, et voyant que le brave Renaud était loin de lui, comprenant quel carnage on pouvait faire en ce moment de l’armée des chrétiens, il conduisit vers eux tout ce qu’il y avait de meilleur parmi les chevaliers sarrasins.

Il inspira au roi Gradasse et au brave roi Sacripant, qui étaient devenus compagnons d’armes au