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pris. Afin de se trouver prêt à tout événement, et pour parer à tout danger, il ordonna à un grand nombre de ses gens de prendre les armes et de sortir hors de l’enceinte. Parmi ces derniers, se trouvait Roger, que Marphise avait devancé dans son impatience de combattre.

L’énamouré jouvenceau regardait le combat dont il attendait l’issue, tremblant pour sa chère femme, car il connaissait la valeur de Marphise. Dès le début, dis-je, quand il les vit l’une et l’autre s’aborder avec fureur, il eut un instant de doute. Mais le résultat le laissa émerveillé et stupéfait.

Le combat n’ayant point pris fin, comme les autres, après la première rencontre, il se prit à souhaiter ardemment de voir cesser cette lutte, car il les aimait toutes les deux, mais non d’affections semblables : l’une était toute flamme et fureur, l’autre amitié bienveillante bien plus que de l’amour.

Il aurait volontiers séparé les combattantes s’il avait pu le faire sans se déshonorer. Mais ses compagnons ne voulant pas laisser la victoire au parti de Charles, qui leur paraît avoir déjà le dessus, sautent dans le champ clos, et vont troubler le combat. De l’autre côté, les chevaliers chrétiens s’élancent, et on en vient aux mains.

Ici, là, partout on entend crier : Aux armes ! ainsi que cela arrivait à peu près tous les jours. Ceux qui sont à pied s’empressent de monter à