Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Si tu veux que je consente à remettre à notre arrivée à la cour de prouver que tu as commis une chose indigne d’un homme brave en enlevant mon cheval à une dame, abandonne Frontin, et mets-le à ma disposition. Ne crois pas qu’autrement j’accepterai de différer entre nous la bataille seulement d’une heure. »

Pendant que Roger réclame de l’Africain ou Frontin ou la bataille immédiate, et que celui-ci le renvoie à plus tard et ne veut ni donner le destrier, ni s’arrêter, Mandricard s’avance de son côté, et soulève un nouveau sujet de querelle en voyant que Roger porte sur ses armes l’oiseau qui règne sur tous les autres.

Roger portait, sur champ d’azur, l’aigle blanche qui fut jadis l’emblème glorieux des Troyens. Il avait le droit de la porter, puisqu’il tirait son origine de l’illustre Hector. Mais Mandricard ignorait cela, et ne voulait pas souffrir, car il le considérait comme une grande injure, qu’un autre que lui portât sur son écu l’aigle blanche du fameux Hector.

Mandricard portait également sur ses armes l’oiseau qui ravit Ganymède sur l’Ida. Comment il obtint ces armes pour prix de sa victoire, le jour où il fut victorieux dans le château où il courut de si grands périls, cela vous est, je crois, présent à l’esprit avec d’autres histoires. Vous savez également comment la fée lui donna toute la belle armure que Vulcain avait donnée jadis au chevalier troyen.