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« Nous avons conclu, comme tu sais, une trêve, pour porter secours à notre armée. Nous ne devons, avant d’avoir rempli cette obligation, entreprendre aucune autre bataille ni joute. » Ensuite, se tournant avec déférence vers Marphise, il lui montre le messager envoyé par Bradamante, et lui raconte comment il était venu réclamer leur aide.

Puis il la prie de renoncer à cette lutte, ou de la différer et de venir avec eux au secours du fils du roi Trojan. Sa renommée montera ainsi au ciel d’un vol plus rapide que par une querelle d’un moment, dont le seul résultat serait d’entraver un si noble dessein.

Marphise brûlait toujours d’éprouver, l’épée ou la lance à la main, les chevaliers de Charles. Elle n’avait été amenée de si loin en France que par le désir de constater par elle-même si leur éclatante renommée était méritée ou mensongère. Aussitôt qu’elle apprit le grand besoin dans lequel se trouvait Agramant, elle se décida à partir avec Rodomont et Mandricard.

Cependant Roger avait suivi en vain Hippalque par le sentier de la montagne. Arrivé à l’endroit où il croyait trouver Rodomont, il vit que celui-ci était parti par un autre chemin. Pensant qu’il n’était pas loin, et qu’il avait pris le sentier qui conduisait droit à la fontaine, il se lança au grand trot derrière lui, guidé par les traces fraîches, empreintes sur le sol.

Il ordonna à Hippalque de prendre la route de