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« Aussi, par la faute de ministres avares, et grâce à la bonté du roi qui s’est fié à eux, les gens d’armes se rangent-ils peu nombreux sous les bannières, quand, la nuit, le camp assailli crie : Aux armes ! Car il se voit assaillir jusque dans ses retranchements par les rusés Espagnols, qui, sous la conduite des deux d’Avalos, se frayent un chemin audacieux vers le ciel et vers l’enfer.

« Voyez la fleur de la noblesse de France étendue par la campagne ; voyez de combien de lances, de combien d’épées le vaillant roi est entouré ; voyez-le tomber sous son destrier, sans que, pour cela, il se rende ou se déclare vaincu. Cependant, c’est sur lui seul que l’armée ennemie dirige ses efforts, c’est sur lui seul qu’elle se rue, et personne ne vient à son secours.

« Le roi vaillant se défend à pied et se baigne dans le sang ennemi. Mais enfin le courage cède à la force. Voici le roi pris ; le voici en Espagne. Il s’est rendu au chevalier de Pescaire, qui ne le quitte plus. C’est à ce du Guast que sont dues la déroute de l’armée française et la prise du grand roi.

« Pendant qu’une des deux armées est mise en déroute à Pavie, voyez l’autre, qui était en route pour attaquer Naples, s’arrêter soudain, comme s’arrête la lampe à laquelle l’huile vient à manquer. Mais le roi laisse ses fils en otage dans la prison espagnole et retourne dans ses États. Le voici qui porte la guerre en Italie, en même temps