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L’armée française, induite en erreur, est prise dans les rets qui lui ont été habilement tendus, ainsi que le comte d’Armagnac qui l’avait conduite à cette malheureuse entreprise, et couvre toute la campagne de ses morts. Les eaux du Tanaro et du Pô sont rouges de sang.

Il montre, l’un après l’autre, un chevalier de la Marche et trois Angevins, et dit : « Voyez comme ceux-ci sont plusieurs fois défaits à Bruel, à Dauni, à Marsi, à Salantini. . L’appui des Français ni des Latins ne permet à aucun d’eux de s’implanter en Italie. Alphonse, puis Ferrante, les chassent du royaume, toutes les fois qu’ils y entrent.

« Voyez Charles VIII, qui descend des Alpes, ayant avec lui la fleur de la France entière. Il passe le Liris, et s’empare de tout le royaume, sans tirer une seule fois l’épée ou abaisser la lance. Il parvient ainsi jusqu’au rocher qui s’étend sur les bras, sur la poitrine et sur le ventre de Typhée. Là, il trouve, pour lui barrer le passage, la bravoure d’Inico du Guast, de l’illustre sang d’Avalos. »

Le châtelain de la Roche, qui montrait du doigt cette histoire à Bradamante, lui dit, après avoir désigné l’île d’Ischia : « Avant que je vous fasse voir plus avant, je vous dirai ce que mon bisaïeul avait coutume de me dire quand j’étais enfant, et ce qu’il prétendait avoir lui-même entendu dire à son père ;

« Son père le tenait d’un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on remontât à celui qui l’avait en-