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voyez, à la condition expresse de le donner au meilleur chevalier qui à sa connaissance existe au monde.

« Comme elle s’estime, ce qu’elle est en réalité, la plus belle dame qui se soit jamais vue, elle voudrait trouver un chevalier qui surpasse tous les autres en hardiesse et en puissance, car elle a mis et résolu dans sa pensée de n’avoir pour amant et pour seigneur que celui qui sera le premier dans le métier des armes.

« Elle espère qu’en France, à la cour fameuse de Charlemagne, se trouve le chevalier qui, par mille prouesses, a prouvé qu’il est plus hardi et plus fort que tous les autres. Les trois chevaliers qui font escorte à la dame sont rois tous les trois, et je vous dirai aussi de quels pays ; l’un est roi de Suède, l’autre est roi de Gothie ; le troisième est roi de Norvège. Ils ont peu d’égaux sous les armes, si tant est qu’ils en aient.

« Leurs royaumes ne sont pas voisins, mais sont les moins éloignés de l’Ile Perdue, ainsi nommée parce que la mer qui la baigne est peu connue des navigateurs. Tous les trois étaient amoureux de la reine, et ils se disputaient à qui l’aurait pour femme. Pour lui plaire, ils ont accompli des exploits dont on parlera tant que tournera le ciel.

« Mais elle n’a voulu ni d’eux, ni d’aucun autre qui ne serait pas tenu pour le premier chevalier du monde dans les armes. « Je fais peu de cas — avait-elle coutume de leur dire — des prouesses que vous avez accomplies en ces lieux. Si l’un