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recommandé au pilote de s’éloigner et d’aller l’attendre à Berwick.

Sans écuyer et sans escorte, le chevalier s’en va par cette forêt immense, suivant tantôt une voie, tantôt une autre, du côté où il pense trouver les aventures les plus étranges. Il arrive le premier jour à une abbaye, qui consacre une bonne partie de ses revenus à recevoir avec honneur, dans son riche monastère, les dames et les chevaliers qui passent alentour.

Les moines et l’abbé font un bel accueil à Renaud, qui leur demande — après s’être amplement restauré l’estomac à une table grassement servie — comment les chevaliers trouvent sur ce territoire des aventures où un homme de cœur puisse, par quelque fait éclatant, montrer s’il mérite blâme ou éloge.

Ils lui répondent qu’en errant dans ces bois, il pourra trouver des aventures extraordinaires et nombreuses ; mais, comme les lieux mêmes, les faits qui s’y passent restent dans l’obscurité, car le plus souvent on n’en a aucune nouvelle. « Cherche, — disent-ils, — des contrées où tes œuvres ne restent pas ensevelies, afin que la renommée suive le péril et la peine, et qu’il en soit parlé comme elles le méritent.

« Et si tu tiens à faire preuve de ta valeur, il se présente à toi la plus digne entreprise qui, dans les temps anciens et modernes, se soit jamais offerte à un chevalier. La fille de notre roi se trouve avoir présentement besoin d’aide et de défense