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avoir changé ses marais en champs d’une grande fertilité ; ce ne sera pas pour l’avoir entourée de murs et de fossés qui la rendront plus spacieuse à ses habitants, ni pour l’avoir ornée de temples et de palais, de places, de théâtres et de mille embellissements ;

« Ce ne sera pas pour l’avoir défendue des griffes et de la fureur du lion ailé, ni pour l’avoir seule maintenue en paix, ainsi que tout l’État, alors que la torche française aura incendié la belle Italie tout entière, et l’avoir préservée de toute crainte et de tout tribut ; ce ne sera pas pour de tels services, ou pour d’autres du même genre, que ses sujets seront reconnaissants à Hercule ;

« Mais pour ce que leur rapportera son illustre descendance, Alphonse le Juste et Hippolyte le Bienfaisant, qui réaliseront ce que l’antique renommée rapporte des fils du cygne de Tyndare, lesquels se privaient alternativement de la lumière du soleil pour se soustraire l’un l’autre à l’air malin. Chacun d’eux sera fort et toujours prêt à sauver l’autre en consentant à mourir.

« La grande affection de ce digne couple donnera plus de sécurité à leur cité que si, par l’œuvre de Vulcain, ils avaient entouré ses murailles d’une double ceinture de fer. Alphonse est celui qui au savoir joint une telle bonté, qu’au siècle suivant le peuple croira qu’Astrée est revenue du ciel, d’où elle peut faire le chaud et le froid.

« Ce lui sera grand besoin d’être prudent et de ressembler à son père par la valeur, car, n’ayant