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CHANT III

des princes illustres, Obizzo, Aldobrandino, Nicolas le Boiteux, Alberto rempli d’amour et de clémence. Je tairai, pour ne pas trop te retenir, comment, au beau royaume, ils ajouteront Faïence et, par une énergie plus grande encore, Adria, qui a l’honneur de donner son nom à la mer aux eaux indomptées.

« De même qu’en Grèce, la terre qui produit des roses en a reçu un nom plaisant, ainsi a été nommée la cité qui, au milieu des marais poissonneux, tremble entre les deux embouchures du Pô, et dont les habitants sont sans cesse désireux de voir la mer se troubler, et souffler les vents furieux. Je ne parle pas d’Argenta, de Lugo et de mille autres châteaux et villes populeuses.

« Vois Nicolo, qui, tendre enfant, est acclamé, par le peuple, seigneur de son domaine. Il rend vaines et nulles les espérances de Tideo, qui suscite contre lui la guerre civile. Les jeux de son enfance consisteront à suer sous les armes et à se fatiguer à la guerre ; et, grâce à ce travail des premières années, il deviendra la fleur des guerriers.

« Il fera avorter et tourner à leur désavantage tous les projets deses sujets rebelles. Et il sera si au courant de tout stratagème, qu’il sera difficile de pouvoir le tromper. De cela s’apercevra trop tard Othon III, de Reggio et de Parme affreux tyran, car d’un seul coup Nicolo lui arrachera son domaine et sa coupable existence.

« Ce beau royaume s’augmentera toujours par la suite, sans que ses princes mettent jamais le pied