Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effort pour prendre Paris, car on pouvait être certain qu’on ne le prendrait jamais, si on ne parvenait à s’en rendre maître avant l’arrivée des secours.

Déjà dans ce but on avait rassemblé de toutes parts d’innombrables échelles, des planches, des poutres, des fascines pour pourvoir aux besoins divers, ainsi que des bateaux et des ponts ; il ne reste plus qu’à disposer l’ordre dans lequel seront donnés le premier et le second assaut. Agramant veut combattre au milieu de ceux qui doivent attaquer la ville.

Quant à l’empereur, le jour qui précède la bataille, il ordonne aux prêtres et aux moines blancs, noirs et gris, de célébrer dans tout Paris des offices et des messes. Ses soldats, après s’être confessés et s’être ainsi préservés des ennemis infernaux, communient tous, comme s’ils devaient mourir le jour suivant.

Lui-même, au milieu des barons et des paladins, des princes et des prélats, il donne aux autres l’exemple, en entendant avec beaucoup de piété les offices divins dans la cathédrale. Les mains jointes et les yeux levés au ciel, il dit : « Seigneur, bien que je sois plein d’iniquité et un impie, ta bonté ne voudra pas que ton peuple fidèle souffre à cause de mes fautes.

« Et, si ta volonté est que notre erreur reçoive un juste châtiment, au moins diffères-en la punition, de façon qu’elle ne nous vienne pas des mains de tes ennemis. Car, si nous succombons