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qu’elle sera choisie par la Bonté divine pour être la mère de cette belle race : Alphonse, Hippolyte et Isabelle.

« Ce sera la sage Éléonore qui viendra se greffer sur ton arbre fortuné. Que te dirai-je de sa seconde belle-fille qui doit lui succéder peu après, Lucrèce Borgia, dont la beauté, la vertu, le renom de chasteté et la fortune, croîtront d’heure en heure, comme la jeune plante dans un terrain fertile ?

« Comme l’étain est à l’argent, le cuivre à l’or, le pavot des champs à la rose, le saule pâle au laurier toujours vert, le verre peint à la pierre précieuse, ainsi, comparées à celle que j’honore avant qu’elle soit née, seront les plus estimées pour leur sagesse et leurs autres vertus.

« Et par-dessus tous les grands éloges qui lui seront donnés pendant sa vie et après sa mort, on la louera d’avoir inculqué de nobles sentiments à Hercule et à ses autres fils, qui, par la suite, s’illustreront sous la toge et dans les armes, car le parfum qu’on verse dans un vase neuf ne s’en va point si facilement, qu’il soit bon ou mauvais.

« Je ne veux pas non plus passer sous silence Renée de France, belle-fille de la précédente, et fille de Louis XII et de l’éternelle gloire de la Bretagne. Je vois réunies dans Renée toutes les vertus qu’ait jamais possédées une femme, depuis que le feu échauffe, que l’eau mouille et que le ciel tourne autour de la terre.

« J’en aurais long à te dire, sur Alde de Saxe,