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baignés de larmes, sigue manifeste d’un cœur dolent.

Près d’elle était une vieille ; elles semblaient en grande contestation, comme les femmes font souvent entre elles. Mais dès que le comte fut entré, elles se turent. Roland s’empressa de les saluer d’un air courtois, ainsi qu’il faut toujours faire avec les dames. Et elles, se levant aussitôt, lui rendirent gracieusement son salut.

Il est vrai qu’elles s’effrayèrent un peu en entendant à l’improviste sa voix, et en voyant entrer, armé de toutes pièces, un homme qui paraissait si terrible. Roland demanda qui pouvait être assez discourtois, injuste, barbare et atroce, pour tenir enseveli dans cette grotte un visage si gentil et si digne d’amour.

La jeune fille lui répondit d’une voix faible et entrecoupée de profonds sanglots. Aux doux accents de sa voix, on eût dit que les perles et le corail s’échappaient de sa bouche. Les larmes descendaient sur sa gorge à travers les lis et les roses de ses joues. Mais qu’il vous plaise, seigneur, d’entendre la suite dans l’autre chant, car il est désormais temps de finir celui-ci.