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si la bête ne s’y est pas mise à couvert, ainsi Roland cherchait sa dame avec une grande patience, partout où l’espoir le poussait.

Le comte, se dirigeant en toute hâte vers ce rayon de lumière, arriva à un endroit où, au sortir de l’étroit défilé de la montagne, la forêt s’élargissait, et où se cachait une grotte spacieuse, devant laquelle croissaient des épines et des jeunes pousses, qui formaient comme un mur pour dérober ceux qui se trouvaient dans la grotte aux regards de quiconque aurait voulu leur nuire.

De jour on n’aurait pu la découvrir, mais de nuit, la lumière qui s’en échappait la faisait apercevoir. Roland s’imaginait bien ce que c’était. Pourtant il voulait en être plus certain ; après avoir attaché Bride-d’Or en dehors, il s’approche doucement de la grotte, et écartant les rameaux touffus, il entre par l’ouverture, sans se faire annoncer.

Il descend plusieurs degrés dans cette tombe où les gens sont ensevelis vivants. La grotte, taillée au ciseau, était très spacieuse et n’était pas tout à fait privée de la lumière du jour, bien que l’entrée en laissât passer fort peu. Mais il en venait beaucoup d’une fenêtre qui s’ouvrait dans un trou du rocher à main droite.

Au milieu de la caverne, près d’un feu, était une dame à l’aspect agréable. Elle avait à peine dépassé quinze ans, comme il parut au comte au premier abord. Et elle était si belle, qu’elle changeait ce lieu sauvage en paradis, bien qu’elle eût les yeux