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les galeries et les salles, il y revient encore et ne s’arrête pas avant d’avoir cherché jusque sous les escaliers. Espérant qu’il les trouvera dans les forêts voisines, il part, mais une voix pareille à celle qui a appelé Roland l’appelle aussi et le fait rentrer de nouveau dans le palais.

La même voix, la même apparition que Roland avait prise pour Angélique, semble être à Roger la dame de Dordogne, dont il est de même séparé. De même à Gradasse et à tous ceux qui, comme lui, allaient errant dans le palais, l’apparition semble être la chose que chacun d’eux désire le plus.

C’était un nouvel et étrange enchantement imaginé par Atlante de Carène pour occuper tellement Roger à cette fatigue, à cette douce peine, qu’il pût échapper au funeste destin qui devait le faire mourir jeune. Après le château d’acier, qui ne lui avait pas réussi, après Alcine, il a encore voulu faire cet essai.

Atlante a attiré et tient dans cet enchantement, non seulement Roger, mais tous les chevaliers qui ont le plus de renommée en France, afin que Roger ne meure pas de leur main. Et pendant qu’il les retenait dans cette demeure, il avait approvisionné abondamment le palais afin de ne laisser manquer de rien les dames et les chevaliers qui s’y trouvaient.

Mais revenons à Angélique. Ayant avec elle cet anneau si merveilleux qu’en le mettant dans sa bouche elle disparait aux regards, elle porte à son doigt un préservatif assuré contre tout enchan-