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perfide Birène en avait été l’auteur, lui qui aurait dû moins que tout autre s’en rendre coupable.

Il lui dit les preuves d’amour qu’elle lui avait si souvent données ; comment elle avait perdu ses parents et ses biens, et comment enfin elle voulait mourir pour lui, ajoutant qu’il avait été témoin d’une grande partie de ces événements et qu’il pouvait en rendre bon compte. Pendant qu’il parlait, les beaux yeux bleus de la dame s’étaient remplis de larmes. Son beau visage ressemblait à un ciel de printemps, quand la pluie tombe et qu’en même temps le soleil se dégage de son voile nuageux. De même que le rossignol secoue alors doucement ses plumes sous les rameaux reverdis, ainsi Amour se baigne dans les larmes de la belle et se réjouit de leur éclat.

À la flamme de ces beaux yeux, il forge la flèche dorée qu’il trempe dans le ruisseau de larmes qui descend sur les fleurs vermeilles et blanches de ses joues ; dès que le trait est trempé, il le décoche avec force contre le jeune Obert que ne peuvent défendre l’écu ni la cotte de mailles, ni la cuirasse de fer. Pendant qu.’il regarde les yeux et la chevelure d’Olympie, il se sent blessé au cœur, et il ne sait comment.

La beauté d’Olympie était des plus rares. Elle n’avait pas seulement remarquables le front, les yeux, les joues, les cheveux, la bouche, le nez, les épaules et la gorge ; mais au-dessous des seins, les