Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait lui faire battre les ailes deçà, delà, où il lui convenait, il résolut d’effectuer son retour par un nouveau chemin, comme firent les Mages fuyant Hérode.

En quittant l’Espagne pour arriver en ces contrées, il était venu en droite ligne aborder dans l’Inde du côté où la mer orientale la baigne, aux lieux témoins de la querelle soulevée entre l’une et l’autre fée. Maintenant il se dispose à parcourir une autre région que celle où Éole souffle ses vents, et à ne mettre fin à son voyage qu’après avoir, comme le soleil, fait le tour du monde.

11 voit, en passant au-dessus d’eux, ici le Cathay, là la Mangiane et le grand Quinsi. Il vole au-dessus de l’Imaus, et laisse la Séricane à main droite. Puis, descendant toujours des pays hyperboréens de la Scythîe aux rivages hyrcaniens, il arrive aux confins de la Sarmatie, et lorsqu’il fut parvenu là où l’Asie se sépare de l’Europe, il vit les Russes, les Prussiens et la Poméranie.

Bien que tout le désir de Roger fût de retourner promptement vers Bradamante, il avait tellement pris plaisir à courir ainsi à travers le monde, qu’il ne s’arrêta pas avant d’avoir vu les Polonais, les Hongrois, ainsi que les Germains et le reste de cette horrible terre boréale. Il arriva enfin en Angleterre.

Ne croyez pas, seigneur, que pendant ce long chemin, il se tienne constamment sur le dos du cheval. Chaque soir il descend à l’auberge, évitant autant que possible d’être mal logé. Pendant