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tous les deux et supplia humblement la fée de les conseiller et de les aider, de telle sorte qu’ils pussent retourner là d’où ils étaient venus.

La fée dit : « J’y appliquerai ma pensée, et dans deux jours, je te les rendrai tout prêts. » Puis elle s’entretint avec Roger et, après lui, avec le duc. Elle conclut, finalement, que le destrier volant devait retourner le premier aux rivages aquitains. Mais auparavant elle veut lui façonner un mors avec lequel Roger puisse diriger ou modérer sa course.

Elle lui montre comment il lui faudra faire, quand il voudra qu’il monte, qu’il descende, qu’il vole en tournant, qu’il aille vite ou qu’il se tienne immobile sur ses ailes. Tout ce qu’un cavalier a coutume de faire avec un beau destrier sur la terre ferme, ainsi Roger, qui en devint complètement maître, faisait par les airs, avec le destrier ailé.

Après que Roger eut été bien instruit sur toutes ces choses, il prit congé de la fée gentille, à laquelle il resta depuis attaché par une grande affection, et il sortit de ce pays. Je parlerai tout d’abord de lui qui fit un heureux voyage, et puis je dirai comment le guerrier anglais, après de bien plus longues et bien plus grandes fatigues, rejoignit le grand Charles et sa cour amie.

Roger parti, il ne s’en revint pas par la même route qu’il avait déjà faite contre son gré, alors que l’hippogriffe l’entraînait au-dessus de la mer et loin de la vue des terres. Mais maintenant qu’il