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de préférence, non pas la seconde, mais la première place à Olympie. Et si elle ne doit pas être placée avant tous, je tiens à dire que, parmi les anciens et les modernes, on ne saurait trouver un amour plus grand que le sien.

Elle avait rendu Birène certain de cet amour, par des témoignages si nombreux et si évidents, qu’il serait impossible à une femme de faire plus pour assurer un homme de sa tendresse, même quand elle lui montrerait sa poitrine et son cœur tout ouverts. Et si les âmes si fidèles et si dévouées doivent être récompensées d’un amour réciproque, je dis qu’Olympie était digne d’être aimée par Birène, non pas autant, mais plus que soi-même ;

Et qu’il ne devait pas l’abandonner jamais pour une autre femme, fût-ce pour celle qui jeta l’Europe et l’Asie dans tant de malheurs, ou pour toute autre méritant plus encore le titre de belle ; mais qu’il aurait dû, plutôt que de la laisser, renoncer à la clarté du jour, à l’ouïe, au goût, à la parole, à la vie, à la gloire, et à tout ce qu’on peut dire ou imaginer de plus précieux.

Si Birène l’aima comme elle avait aimé Birène ; s’il lui fut fidèle comme elle le lui avait été ; si jamais il tourna sa voile pour suivre une autre voie que la sienne ; ou bien s’il paya tant de services par son ingratitude, et s’il fut cruel pour celle qui lui avait montré tant de fidélité, tant d’amour, je vais vous le dire et vous faire, d’étonnement, serrer les lèvres et froncer les sourcils.