Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nécromancien maure et prit en croupe Astolphe. De là, elle se dirigea vers la demeure de Logistilla, où elle arriva une heure avant Roger.

Entre temps, Roger s’achemine vers la sage Fée, à travers les durs rochers, les ronces touffues, de précipice en précipice, et par des chemins âpres, solitaires, inhospitaliers et sauvages. Enfin il arrive, à l’heure ardente de midi, sur une plage exposée au sud entre la montagne et la mer, aride, nue, stérile et déserte.

Le soleil ardent frappe la colline voisine, et sous la chaleur produite par la réflexion, l’air et le sable bouillent. Il n’en faudrait pas tant pour rendre le verre liquide. Tous les oiseaux se taisent sous l’ombre molle ; seule, la cigale, cachée dans les herbes touffues, assourdit de son chant monotone les montagnes et les vallées, la mer et le ciel.

La chaleur, la soif et la fatigue qu’il éprouvait à parcourir cette route de sable faisaient à Roger grave et ennuyeuse compagnie sur la plage déserte et exposée au soleil. Mais, comme je ne puis ni ne veux m’occuper toujours du même sujet, je laisserai Roger dans cette fournaise, et j’irai en Écosse retrouver Renaud.

Renaud était très bien vu du roi, de sa fille et de tout le pays. Le paladin exposa à loisir et clairement le motif de sa venue qui était de réclamer, au nom de son roi, l’appui des royaumes d’Écosse et d’Angleterre, et il crut devoir appuyer la demande de Charles des raisons les plus justes. Le roi lui répondit sans retard qu’autant que ses