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à courir après lui, aussi rapide que s’il était porté par le vent et la foudre.

Le chien ne veut pas paraître en retard ; il suit Rabican avec l’impétuosité du léopard qui poursuit un lièvre. Roger a honte de ne pas les attendre ; il se retourne vers celui qui arrive d’un pied si hardi, et, ne lui voyant d’autre arme qu’une baguette avec laquelle il dresse son chien à obéir, il dédaigne de tirer son épée.

Le chasseur s’approche et le frappe vigoureusement ; en même temps le chien le mord au pied gauche. Le destrier débridé secoue trois ou quatre fois sa croupe, et rue sur son flanc droit. L’oiseau tourbillonne, décrit mille cercles et le déchire souvent avec ses ongles, de telle sorte que Rabican s’effraye de tout ce vacarme et n’obéit plus à la main ni à l’éperon.

Roger est enfin forcé de tirer le fer, et, pour se débarrasser de cette désagréable agression, il menace tantôt les bêtes, tantôt le vilain, de la pointe de son épée. Cette engeance importune ne l’en presse que davantage, et de çà de là se multiplie sur toute la route. Roger voit déshonneur et danger pour lui à ce qu’ils l’arrêtent plus longtemps.

Il sait que, s’il reste un peu plus en cette place, il aura sur les épaules Alcine et toute sa populace. Déjà une grande rumeur de trompettes, de tambours et de cloches se fait entendre par toute la vallée. Ppurtant, contre un serviteur sans armes et contre un chien, il lui semble inu-