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quets. C’est une fête continuelle, où le temps s’écoule au jeu, au spectacle, au bain ou à la danse. Tantôt, près d’une fontaine, à l’ombre des coteaux, ils lisent les anciens récits d’amour ;

Tantôt, par les vallons ombreux et les collines riantes, ils chassent le lièvre timide ; tantôt, suivis de chiens bien dressés, ils font sortir avec un grand crépitement d’ailes les faisans affolés des guérets et des buissons. Tantôt ils prennent les grives au lacet, ou bien ils tendent leurs gluaux dans les genévriers odorants ; tantôt, avec les hameçons chargés d’amorces, ou les filets aux mailles serrées, ils troublent les poissons dans leurs plus sûres retraites.

Teis étaient les plaisirs et les fêtes auxquels se livrait Roger, pendant que Charles restait en butte aux attaques d’Agramant. Je ne dois point, pour de telles choses, oublier l’histoire de Charles, ni laisser de côté Bradamante. Dans sa peine extrême, celle-ci passe ses jours à pleurer l’amant si cher qu’elle a vu, par des routes étranges et inusitées, emporté elle ne sait où.

C’est d’elle que je veux parler tout d’abord avant les autres. Pendant de longs jours elle alla, cherchant en vain, par les bois ombreux et les champs cultivés, par les cités et les villages, par les monts et par la plaine. Elle ne put rien savoir au sujet du cher ami qui était si loin d’elle. Souvent elle se rendait au camp sarrasin, sans pour cela retrouver les traces de son Roger.

Chaque jour elle y demande de ses nouvelles à