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de côté et d’autre, mais il a affaire à une troupe d’ennemis trop nombreuse. Par ici, l’un le pique ; par là, l’autre le saisit ; il.se débat et il leur fait une rude guerre.

Il frappe sur cette race vile, fendant l’un jusqu’aux dents, l’autre jusqu’à la poitrine, car son épée ne rencontre ni casque, ni écu, ni ventrière, ni cuirasse. Mais de toutes parts il est tellement assailli, qu’il lui serait besoin, pour se faire faire place, et tenir à distance cette ignoble populace, d’avoir plus de bras et de mains que Briarée.

S’il se fût avisé de découvrir l’écu qui appartint autrefois au nécromant — je veux parler de celui qui éblouissait la vue, et qu’Atlante avait laissé à l’arçon — il aurait eu d’un seul coup raison de cette foule de brutes, et l’aurait fait tomber aveuglée devant lui. Peut-être méprisa-t-il ce moyen, ne voulant avoir recours qu’à son courage, et non à la fraude.

Advienne que pourra, il préfère mourir plutôt que de se rendre prisonnier à une si vile engeance. Tout à coup, voici que d’une des portes dont était percé le mur que j’ai dit être d’or brillant, sortent deux jouvencelles dont le maintien et les vêtements n’annoncent pas une humble naissance. On voit bien qu’elles n’ont pas été nourries par un berger, au milieu des privations, mais parmi les délices des palais royaux.

L’une et l’autre était montée sur une licorne plus blanche que l’hermine ; l’une et l’autre était belle, et leurs vêtements étaient si riches et si