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LE NÉPAL


taillement et les difficultés des communications. Ces limites, en pratique, sont restées constantes, et les efforts tentés par les Gourkhas au début du XIXe siècle pour absorber le Sikkim d’une part et le Kumaon de l’autre ont échoué. Vallée et royaume sont si étroitement solidaires que le même nom sert couramment à les désigner l’une et l’autre ; mais la pratique officielle plus précise les distingue, elle donne au royaume le nom de Gorkhâ râj « royaume des Gourkhas » et, d’accord avec l’usage local, réserve exclusivement à la vallée la désignation de Népal. Hors du Népal proprement dit, le pays n’est connu que par ouï-dire ; jamais Européen n’a visité les régions de montagnes qui s’étendent à l’Est et à l’Ouest de la vallée centrale. Un simple coup d’œil jeté sur la carte du royaume, telle que l’a dressée le Service trigonométrique de l’Inde, révèle l’état des connaissances actuelles. De vastes espaces restent blancs : les cotes d’altitude qui les jalonnent indiquent les sommets qu’on a pu mesurer par le calcul en les visant du territoire britannique ; les lignes capricieuses, où s’échelonnent à des distances problématiques les noms des localités, traduisent les informations recueillies par le service d’espionnage anglo-indien à l’aide des pandits hindous qu’il emploie comme agents secrets, ou des mercenaires embauchés dans les régiments britanniques. Le passé de ces régions interdites n’est guère mieux connu que le sol même ; l’archéologie, l’épigraphie sont encore à créer ; les rares informations recueillies jusqu’ici viennent d’indigènes suspects et de documents tardifs. La vallée seule, visitée, observée, étudiée depuis un siècle, appartient à la science.