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INTRODUCTION


les bienfaits de leur civilisation. Le Népal retardataire leur échappe encore, mais il n’a plus longtemps à les attendre. Le triomphe du brahmanisme présage la crise prochaine. Déjà les Anglais sont installés en protecteurs plus qu’en voisins sur les frontières du Sud, de l’Est et de l’Ouest ; pour leur faire équilibre, le Gourkha comptait sur la Chine suzeraine, qu’il croyait toute-puissante ; les ambassades envoyées tous les cinq ans à Pékin ne voyageaient-elles pas pendant neuf mois sans interruption sur les domaines du Fils du Ciel ? Mais les derniers événements, suivis de près à Katmandou, y ont ébranlé le prestige de la Chine. La décadence de l’Empire du Milieu semble ouvrir au Népal la route convoitée de Lhasa, comme un débouché pour écouler le trop-plein de ses forces militaires. Soldat, et rien autre que soldat, le Gourkha vainqueur étouffe dans son cercle de montagnes ; la terre, trop rare, ne suffit pas à l’entretien d’une population tout agricole, et d’une nation armée toujours sur le pied de guerre. Serviteur dévoué de sa patrie, ami clairvoyant du Népal, l’Anglais Hodgson se préoccupait dès 1830 d’un danger menaçant pour la paix britannique ; il proposait pour remède d’embaucher les soldats gourkhas comme mercenaires au service de l’Inde ; ses conseils, écoutés, ont valu aux Anglais ces magnifiques régiments qui seuls rivalisent de bravoure et d’endurance avec les redoutables Sikhs. Mais un contingent de 15 000 hommes à peine, engagé sous les bannières britanniques, ne soulage pas assez les charges du Népal et prépare peut-être un autre péril : quel que soit le loyalisme éprouvé de ces mercenaires, ils restent, comme les Suisses d’autrefois, fidèles avant tout à leur patrie. Ils y rentrent, leur service accompli, formés à la discipline et la tactique de l’Europe, ayant appris à lire, à écrire, à calculer, à reconnaître et lever le terrain, et renforcent les troupes gourkhas d’un supplément précieux.