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INTRODUCTION


menaçait les Gourkhas jusque dans leur capitale, les successeurs de Prithi Narayan cherchèrent un appui du côté des Anglais, et, pour les amorcer, ils leur proposèrent de négocier un traité de commerce ; puis, effrayés d’une démarche qui compromettait leur indépendance, ils s’empressèrent de conclure la paix avec la Chine. Le colonel Kirkpatrick, envoyé de la Compagnie, arriva trop tard au Népal ; il y fut accueilli avec une froideur dédaigneuse, et dut se retirer après deux mois de séjour. Il en rapportait une magnifique collection de notes sur la géographie, l’histoire, les antiquités, la religion, l’agriculture, le commerce et les institutions du pays qui, rédigées par une main étrangère, furent publiées en 1811.

Kirkpatrick inaugurait au Népal une phase nouvelle de l’expansion européenne. Le zèle de l’apostolat avait amené d’abord dans l’Himalaya les missionnaires, uniquement préoccupés de prêcher et d’étendre leur doctrine, obstinément fermés aux curiosités profanes. Avec Kirkpatrick la politique moderne prend pied au Népal, inspirée par l’ambition commerciale et l’esprit d’entreprise, fécondée et ennoblie par le concours de toutes les connaissances humaines. En 1802, les Anglais tirent à nouveau parti des circonstances pour essayer d’installer un résident au Népal ; l’essai avorte encore, mais il a pu se prolonger une année ; Hamilton, qui accompagnait le résident, a repris et étendu les recherches de Kirkpatrick ; sa Relation parue en 1818 jette une nouvelle lumière sur ce pays encore si peu connu. Enfin, après le traité de 1816, la résidence britannique est définitivement établie ; dès 1820, Hodgson y est attaché. Pendant vingt-cinq années d’une carrière qui se développe tout entière au Népal, Brian Houghton Hodgson explore avec le même bonheur, la même divination, la même patience, la même sûreté tous les domaines de la science ; il est grammairien, géographe, ethnographe, géologue,