assauts des Gourkhas. Insensible aux échecs, Prithi Narayan lève le siège, revient l’an suivant, bloque encore la ville, échoue encore, et ne se décourage pas ; la trahison lui livre la place qu’il n’a pu emporter de force. Il publie une amnistie, désarme les habitants, et leur fait couper à tous les lèvres et le nez, sans distinction d’âge ou de sexe. L’Europe, qui doit payer en partie les frais de la victoire, en a fourni les moyens : les troupes britanniques de la Compagnie, qui promènent déjà leurs bannières victorieuses à travers le Bengale et jusqu’au pays d’Aoudh, ont appris au roi de Gourkha la valeur de la discipline, et les négociants européens lui ont procuré les armes à feu qui ont décidé du succès.
Dans leur élan irrésistible, les Gourkhas étendent bientôt leur domination au delà de la vallée, jusqu’aux frontières que la nature impose à leur expansion. De la Kali au Sikkim, du Téraï aux passes tibétaines, les principautés vassales, tributaires, autonomes s’absorbent et disparaissent dans le royaume Gourkha ; francs ou déloyaux, le Gourkha surpasse ses adversaires en perfidie comme en forces. Grisé de ses triomphes, le conquérant convoite même le Tibet ; le pillage des trésors entassés dans les couvents promet une honnête récompense à la croisade du brahmanisme contre l’hérésie. Mais la Chine, suzeraine et protectrice des lamas, se préoccupe du voisin inconnu qui vient de surgir ; elle prend des mesures énergiques, ramasse une armée, chasse du Tibet les Gourkhas, les poursuit sur leur propre territoire ; puis, fatiguée de son effort et satisfaite de la leçon qu’elle a donnée, elle se contente d’imposer aux vaincus une soumission de pure forme : le Népal, enregistré comme vassal, s’engage à envoyer solennellement tous les cinq ans un tribut à l’empereur, incarnation du divin Mañjuçrî.
Ramenés à une juste idée de leurs forces, les Gourkhas