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qu’il patronne et qui s’emploie ardemment à codifier la tradition, menacée de disparaître sous l’Islam qui triomphe. Les complications subtiles de l’organisation brahmanique se propagent et gagnent du terrain ; mais il était réservé aux Mallas, mieux qualifiés pour ce rôle, d’opérer une conciliation harmonieuse entre l’usage local et les exigences des brahmanes. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, Jaya Sthiti le Malla, assisté des docteurs hindous, arrête les lignes définitives de l’organisation sociale et religieuse : la population tout entière est partagée en deux catégories, parallèles aux deux églises ; les fidèles des dieux hindous sont assujettis aux règles sévères des castes brahmaniques ; les sectateurs des divinités bouddhiques sont répartis en groupes professionnels, calqués sur les castes. Des lois où se marque le tour méticuleux du génie hindou stipulent les détails du costume, de la maison, des cérémonies assignées à chacun des groupements. Une réforme profonde du système des poids et mesures témoigne aussi la transformation économique du Népal.

L’œuvre de Jaya Sthiti le Malla rend au Népal un équilibre durable et prépare une époque de prospérité. Les circonstances sont propices. Le zèle religieux du Mongol Khoubilai Khan a tiré le Tibet de l’anarchie, donné le pouvoir aux lamas, enrichi et multiplié les couvents, restauré les études, ranimé l’activité commerciale. La dynastie des Ming, qui succède aux Mongols en Chine, reprend les traditions des Han et des T’ang, lie sa fortune au bouddhisme, rêve d’unir sous son patronage les membres dispersés de l’Église. Ses ambassades voyagent sur les grands chemins de l’Asie ; le Népal échange des missions et des présents avec la cour impériale ; le roi du Népal, pris par confusion pour un lama, reçoit à ce titre l’investiture de la Chine. Le roi Yaksa le Malla réduit à l’obéissance les vassaux et les rivaux récalcitrants, et rétablit un instant