Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nard fit ensuite deux tableaux qui sont fort estimés. Dans le premier il a représenté une Vierge ; ce tableau est d’une grande beauté : on y voit un vase plein d’eau dans lequel il y a des fleurs ; le Peintre y a répandu, par des reflets, une foible couleur rouge que la lumière en tombant sur les fleurs porte sur l’eau. Clément VII a eu ce tableau.

Le second est un dessin qu’il fit pour Antoine Segni son ami ; il y a représenté Neptune sur un char traîné par des chevaux marins, entourés de tritons et de divinités de la mer. Le ciel paroît rempli de nuages que les vents poussent de tous côtés, les flots sont agités et la mer est en furie. Ce dessin est tout-à-fait dans le goût et le caractère de Léonard, car il avoit l’esprit vaste et l’imagination vive ; et quoiqu’il sût bien que la justesse des proportions est la source de la véritable beauté, il aimoit à la folie les choses extraordinaires et bizarres : de sorte que s’il rencontroit par hasard quelqu’un qui eût quelque chose de ridicule ou d’af-