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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

existaient des raisons plus pressantes non seulement de chercher des nouveautés, mais encore d’appuyer ces nouveautés sur l’étude et l’imitation intelligente des monuments romains. Jusqu’à un certain point, l’art antique reparut et la dénomination de Renaissance, contestable ailleurs, se trouve, en Italie, assez bien justifiée.

Logiquement, dans toute grande transformation, la littérature, qui est l’expression directe des mœurs et des tendances d’une nation, doit commencer à reprendre vie et éclat. Sans elle, la sculpture, dont le développement réclame des idées déjà formulées, des légendes établies, ne saurait marcher d’un pas sûr. Mais il en est différemment de l’architecture, qui, au besoin, peut se suffire à elle-même. Lorsqu’elle progresse en même temps que la sculpture, elle tient forcément cette dernière dans sa dépendance, elle lui impose ses besoins.

En Italie, à la suite de la littérature qui avait pris un immense essor, la sculpture produisit de bonne heure des œuvres importantes. Son avance sur l’architecture est d’un siècle environ. Toutefois, dans cet ordre de succession, il faut moins voir un sacrifice à la logique que le résultat de circonstances particulières dont l’histoire a conservé le souvenir.

Il y avait en Italie, à la fin du xiiie siècle, une région qui semblait un terrain admirablement préparé entre tous pour l’éclosion des idées nouvelles : c’était l’antique Étrurie, la Toscane moderne, appelée en quelque sorte pour la seconde fois à donner des arts à Rome. Là étaient des villes riches, libres, agitées par des rivalités ardentes qui, en maintenant l’énergie des carac-