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ALPHONSE DAUDET

miroir de Shakespeare, pour Alphonse Daudet et sa suite, cet après-midi de printemps, où la nature se fit morale, où les pins noirs frémirent, où les pelouses eurent la douceur des chairs. Au delà de l’amour, il est un autre amour et vous en fîtes don à votre camarade, aussi ardent que vous pour la vie, aussi désireux de beauté. Je songe à vous en ces heures sombres comme au porteur des secrets qu’étreignent les arrachés au monde, comme à ces évocateurs qui poursuivent les ombres errantes. L’image de vos traits glorieux et purs ne se sépare point de ceux que je pleure, parce qu’ils ont perdu leur forme périssable.

Quant à Bonaparte, un homme satisfaisait la passion de mon père, notre ami Frédéric Masson. Depuis longtemps il réclamait des livres où l’existence de son Dieu fût quotidiennement poursuivie, où l’on démêlât les mobiles, le tempérament et l’aventure. Quand parurent ces ouvrages maintenant classiques, il ne les quitta plus. Il les vantait à tout venant. Il déclarait accomplie cette tâche dont il rêva souvent : restituer l’homme en son entier ; propager son amour et réveiller la race. L’auteur de cette œuvre définitive ne me démentira point si j’affirme qu’il trouva en « son bon Daudet » les meilleurs encouragements.

Il ne s’attachait point seulement aux héros de