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ALPHONSE DAUDET

l’abattement proportionnel des heures noires, ces alternatives désordonnées qui sont le mauvais côté de la « Race du Soleil ».

Il constatait aussi que « le Français a un père celte, une mère Latine », et que « les jeux de ces influences déterminent les soubresauts de notre histoire ».

Tout jeune, il avait vu dans sa ville natale les dernières luttes ouvertes des protestants et des catholiques, « Je devine le huguenot, surtout le méridional, à son accent, à son geste, à son regard, à son raisonnement. Il forme un être à part, beaucoup plus compassé, plus froid, plus maître de lui que le catholique. Il y a, pour ces tempéraments, deux portes, ainsi qu’aux cimetières de chez nous : la « schismatique » et « l’orthodoxe »,

Il n’est pas douteux, ainsi que j’ai l’ai déjà montré, qu’il appartint, lui, au pôle catholique. Il avait la pitié, la pitié totale qui, du moment qu’elle trouve son objet, fait abstraction de toute dialectique. Il avait le goût du risque et de l’aventure. Je n’entends point par là que les protestants manquent de bravoure ; je leur crois, au contraire, une énergie morale très vive, s’il s’agit de leurs convictions, et du sens immédiat de la justice. Mais ils pèsent leurs actes et leurs