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LE MARCHAND DE BONHEUR

n’est qu’une recherche d’un équilibre moral perpétuel. L’homme ne peut, avant la quarantième année, avoir que des lueurs de cette science.

— L’instinct de la justice équivaut à la science de la justice ; des natures très grossières peuvent porter en elles des lueurs plus vives et pures que de très magnifiques penseurs. C’est ce qu’a vu le christianisme.

— La douleur et la pitié sont des auxiliaires précieux de la justice, en tant qu’elles ne deviennent pas excessives, la justice demeurant toujours dans la moyenne. Extrême, la douleur endurcit, rend insensible au monde extérieur. Extrême, la pitié devient monstrueuse et perd de vue son principal objectif qui est le soulagement de l’homme. Extrême enfin, la justice entraîne aux conséquences les plus étranges, vers la beauté et le malheur.

— La recherche du bonheur (ceci est un point capital), doit toujours s’appliquer à autrui, non à soi-même. L’homme ne doit échapper à aucune responsabilité morale, à aucune solidarité sociale.

— Le bonheur dans la famille est traditionnel. Le culte des parents le règle et le transmet. En ce sens, le plus grand et le seul irréparable malheur devient « la perte de ceux qu’on aime ».

— Il ne faut jamais désespérer.

— Celui qui a le don et le goût de l’observation,