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ALPHONSE DAUDET

vie ». Ou bien, c’est une ironie douce : « Hypocondrie, lisez, ignorance des médecins. »

Que devient l’orgueil chez celui qui souffre, que devient la tendresse, que devient la charité, que deviennent les passions vives, la volupté, la haine ? Comment s’altèrent la vie de famille, les rapports entre les époux, père et enfants, les amis ? Comment s’habitue-t-on au mal, se résigne-t-on, ou quelle est la révolte ? quelle forme prend elle ? selon quels efforts ? Autant de questions troublantes auxquelles il répond avec une franchise absolue, d’après sa dure expérience, ou qu’il laisse dans le doute, si telle est son humeur. Les variations mêmes de cette humeur, il les passe en revue avec une philosophie résignée, et il est admirable de voir comme il résiste par la volonté, comme il oppose aux attaques les ressources d’un moral opiniâtre. Je le vois encore assis dans le petit jardin de l’hôtel Mas à Lamalou, entouré de malades, leur prêchant l’énergie, rassurant les inquiets, s’acharnant aux désespérés, leur faisant entrevoir un arrêt, une régression possible : « Les médecins n’en savent pas plus que nous. Ils en savent même moins, parce que leur connaissance est faite d’une moyenne d’observations, en général hâtives et incomplètes, et que chaque cas est particulier. Vous, Monsieur, vous avez tel symptôme ; vous, tel autre. Il faudrait vous joindre à