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a fondé une nouvelle ère, la seconde. Elle a posé l’unité mathématique sociale.

Mais une vérité n’est pas comprise, par cela seul qu’elle est formulée. Les idées n’existent que par le cerveau humain, et celui-ci a besoin de temps pour les recevoir et les comprendre dans leur intégrité. Car ce cerveau n’est pas vide ; les idées anciennes l’occupent, et repoussent celles qui veulent entrer. Au sortir de la période précédente, dans la société constituée sur le moule ancien, on ne put proclamer l’Égalité que par intuition, les moyens, les faits, les manifestations étant contraires. Il fallait en même temps que détruire, créer. La Révolution se trouvait dans la situation d’un Fulton qui a compris la force de la vapeur, mais n’a pas encore construit son bateau [1]. Elle ouvrit son âme, proclama sa foi. Elle abolit les droits féodaux, confisqua les biens dont le clergé était dépositaire, et crut bien faire en lui donnant, en échange, un traitement annuel, l’attachant à la République. Il n’en agit pas moins contre elle, pour la plupart. Il eût fallu consacrer ces biens au peuple, l’en faire propriétaire, l’armer de toutes pièces contre ses ennemis, le racheter et sauver par la Révolution. Mais il fallait aussi, bon gré mal gré, de l’argent, et, grâce aux dilapidations de la monarchie, les caisses de l’État étaient vides !

  1. La Commune de 1871 l’a lancé, ce bateau. Mais on le fit échouer ; on le brisa ! Sur ce modèle imparfait, on en fera d’autres.