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le second, ou troisième siècle ? — Qu’importe ? En certains faits, justiciables surtout du raisonnement et de la conscience, les dates sont secondaires. Il est hors de doute que la doctrine de Jésus convint à des prêtres pour établir une religion nouvelle sur la tradition biblique. Cette doctrine se prêtait non seulement aux sentiments plus élevés où le monde semblait vouloir se jeter, comme dans un refuge, et aux vengeances terribles du Dieu de la Bible, contre les coupables. Elle avait des ambiguïtés qui pouvaient donner lieu à de nombreuses interprétations. Et quant au merveilleux exigé pour toute religion extra-terrestre, quant au changement du prophète en fils de Dieu, le terrain était préparé depuis longtemps, par les incarnations fréquentes des Dieux Olympiens. Elle satisfaisait enfin à la morale plus saine et plus sévère, importée de l’Orient par les philosophes d’alors ; plus dogmatique et plus sombre, elle donnait aux chefs du mouvement un outil de gouvernement plus sérieux et toute l’autorité nécessaire à des réformateurs.

La religion du Nazaréen se propagea donc sous la répulsion excitée par les orgies et les désordres de l’Empire. Et ses chefs eurent bientôt fait d’acquérir l’appui des Empereurs et des Rois : certains de ses évêques tinrent en respect les chefs barbares, envahisseurs de l’Italie, Constantin Ier accueillit le christianisme comme une force politique ; et déjà, agissant par le moyen des femmes, après avoir fait épouser à Clovis, roi des Francs, une princesse chrétienne, ils baptisèrent le roi lui-même.