Page:Léo - Coupons le Câble !, 1899.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les villes, commerçants, artistes, industriels, chargés de pourvoir aux besoins et aux fantaisies de tous ces oisifs. Et enfin, le gros du peuple, qui travaille pour tous. — La pyramide éternelle !

Chez les peuples primitifs, tous les premiers gouvernements sont théocratiques ; mais à mesure que l’action extérieure devient plus active et plus étendue, plus orageuse parfois, le gouvernement des prêtres s’efface devant le héros, le conquérant. Abrité dans le temple, allié successif de tous les pouvoirs, quels qu’ils soient, satisfait de gouverner sans périls et sans défaites, mais gouvernant toujours… Arbitre nécessaire, conseiller intime, oracle écouté, car il dispose du peuple, le prêtre reste inviolable et sacré.

Les deux principes se complètent l’un l’autre ; ils sont inséparables dans le passé. On voit des rois incroyants ; on n’en voit pas qui se dispensent d’honorer et de défendre le prêtre et la religion. L’immuable, le prêtre, accepte forcément la chute du roi, mais il n’aspire qu’à le remplacer par un autre, même par plusieurs s’il le faut, comme dans les républiques aristocratiques ; toutefois, un roi, c’est le plus sûr. C’est au moins la paix et l’ignorance populaire pour une vie d’homme.

Les théologiens préconisent comme un grand progrès l’unité de Dieu. En effet, elle est le couronnement de l’idée hiérarchique. La pluralité des Dieux, comme celle des rois, engendre la discorde parmi leurs interprètes et leurs favoris. L’unité de Dieu c’est la monarchie absolue — une grande