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suaves, ou terribles, dispensant aux hommes les conseils de l’éternelle sagesse, qui eussent enflammé toutes les âmes, fortifié toutes les faiblesses !… Que de fautes évitées ! Que d’erreurs détruites ! Que d’affreuses douleurs épargnées aux malheureux humains ! Si les Dieux sont les pères de l’humanité, comment peuvent-ils lui refuser leur aide, qui la sauverait ? »

Tout cela était évident ; mais on eût dit que les Dieux ne comprenaient pas ; car ils restaient muets, immobiles, et comme indifférents aux souffrances de l’homme, qui pourtant les invoquait désespérément, dans ses crises morales comme dans ses maladies. — Étaient-ils donc sourds aussi ?

Il y avait bien, çà et là, quelques sages, ou prétendus tels, qui donnaient à l’occasion des conseils, indiquaient le bien, ou le mieux, apaisaient les différends. Mais ce n’étaient que des hommes ! Et leur savoir était contesté ! Ils se trompaient quelquefois. Que savait-on, quand nulle connaissance n’existait encore ?

Quelques-uns prétendaient que la vue des Dieux si grands, si éclatants, incendierait l’homme chétif ! que leur parole eût foudroyé son cerveau débile. Déjà leur tonnerre ne suffisait-il pas à terrifier les pauvres humains !

Les Dieux furent enfin touchés de ces désirs curieux et sincères. Un jour, un orage violent éclatait sur la montagne. Et bientôt après, on en vit descendre un solitaire, un sage respecté. Les cheveux hérissés, la face délirante, il se présente