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cratie triomphent de ces luttes et parviennent facilement à soulever l’opinion publique, encore trop habituée aux dogmes tout faits pour ne pas contempler avec intolérance l’enfantement pénible de dogmes nouveaux.

Malgré les anathèmes anciens et actuels, cependant, la question est toujours là. Combattu, honni, écrasé, le socialisme persiste. Il y a donc peut-être quelque chose en lui. Que revendique-t-il ? — La justice. — Existe-t-elle ? — Non. Affirmer le contraire serait nier l’évidence, et personne ne l’osera ; les faits parlent. Même les plus satisfaits avouent qu’il y a beaucoup à faire. Car enfin, la misère et la pauvreté règnent sur le plus grand nombre, et la nuit de l’ignorance couvre les trois quarts de ce qu’on nomme le monde civilisé.

Est-ce avec la constitution actuelle des choses que cela pourra changer ? D’après la somme annuelle de nos progrès, ce serait long… et douteux. Peut-on trouver des moyens plus prompts et plus vrais ? — Pourquoi pas ? D’ailleurs, l’énigme, quoi qu’on fasse, est posée et menace de dévorer qui ne saurait la résoudre. C’est la multitude qui règne, la multitude ignorante et misérable. Étonnée encore, incertaine, elle voudra tôt ou tard, demain peut-être, porter remède à ses maux, et ce remède, pris au hasard, peut être fatal. De par le suffrage universel, la solidarité ne saurait plus être niée ; la solution du problème importe à tous. Il est donc utile de la chercher, et les prudents, au lieu de condamner cette recherche, la devraient encourager.

Mais comment chercher fructueusement, si ce n’est avec une sincérité entière, et sans peur de l’inconnue qui doit apparaître ?

Faire des réserves d’avance, interdire certains sujets, n’est pas sérieux. L’esprit humain ne s’assure de ses croyances qu’en les considérant à nouveau, et ne point oser les sonder