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du domaine du capital, celui-ci n’aurait plus guère, en effet, d’autre rôle que celui de la bêche, à laquelle on l’a si souvent, et trop modestement, comparé. Il serait encore utile, mais ne serait plus indispensable. Au refus de la vieille bêche, une bêche neuve l’aurait bientôt remplacée, avance facile de l’ouvrier forgeron à l’ouvrier laboureur — car ce serait désormais au travailleur, sûr de trouver partout sa place, exempt de tout fermage, sauf l’impôt, possesseur de la totalité de sa récolte et seul créateur de la richesse, qu’appartiendrait naturellement le crédit, comme à la force la plus sûre et la plus vraie de ce monde. Que peut faire, en telles circonstances, une vieille bêche menacée de se rouiller ? Se prêter de bonne grâce pour une redevance minime ; c’est ce qu’elle ferait.

Ne voudra-t-on voir en ceci que la ruine des capitalistes ? Mais pourquoi n’y verrait-on pas avant tout l’aisance et la paix rendues à l’humanité par la justice ? Dans un ordre de choses où le travail, libre et fructueux, serait assuré à tous, et tempéré, sans aucun doute, au sein de la prospérité sociale, par des loisirs suffisants, que regretter ? Les excès de l’oisiveté ? Ceux de la misère ? — Il faut prendre, bon gré mal gré, son parti du but ou nous mène la révolution. Sa triple formule n’est pas vaine. C’est une autre révélation ; elle doit s’accomplir.

Dans ce système, que fait l’État ? Rien de plus qu’aujourd’hui. Il veille à l’exécution du pacte social, perçoit l’impôt et le répartit. Chacun, chargé de soi-même, répond de ses actes et travaille pour soi. — Comment les terres s’adjugeraient-elles ? Je ne sais ; mais cela ne paraît pas bien difficile à trouver. Aux enchères, peut-être, sur le chiffre de l’impôt ? Ce que j’oserais affirmer, c’est que les fonctions parasites alimentées par le luxe, les chicanes, les vieilles lois et