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des choses, mais en vertu d’un ordre des choses différent.

Il me semble que les choses justes, qui sont les plus simples, se reconnaissent à ce signe de découler naturellement du droit et de n’avoir besoin, pour exister et se maintenir, d’aucun décret ni convention arbitraire. La propriété actuelle est si abusive, que dans l’intérêt public nos lois la violent à chaque instant, allant elles-mêmes ainsi, par nécessité, contre le principe de l’ordre établi — tantôt par la prescription, négation monstrueuse du droit reconnu, tantôt par l’augmentation progressive de l’impôt sur les héritages et les restrictions apportées au droit de tester, de recevoir, etc. De même, d’autre part, un ordre social de choses ne peut être décrété. L’humanité, de temps en temps, renouvelle ses lois par le progrès des mœurs et des idées, par une intelligence plus pure de la justice ; mais, dans cet ordre de choses comme parmi les êtres animés, il faut qu’une naissance et un développement correspondent à une décrépitude. Le terrorisme est faux en matières sociales comme en politiques. Il y a un droit, si faible soit-il, dans toute existence, et il n’est pas juste ni plus heureux, d’abolir le capital que de décapiter les rois. En fait, malgré les théories violentes, dont est responsable d’ailleurs pour moitié la violence des intérêts opposés, le progrès des idées et des mœurs s’accuse ; on ne décapite plus les couronnés, on les chasse ; le temps n’est pas loin, espérons-le où la cité, au sortir du palais, leur sera ouverte. C’est à partir de ce jour qu’il n’y aura plus de restauration.

Ainsi, le capital devrait continuer de se louer, pour tous les motifs légitimes qu’on allègue à cet égard. Ce n’est qu’à l’expansion d’une force opposée, plus utile et plus puissante, qu’il appartient de la réduire à sa véritable place. Si le grand instrument de travail, la terre, d’où tout part et où tout revient, était retranché, comme en justice il doit l’être,