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Ne serait-ce pas lorsqu’il attribue au travailleur, outre le produit de ses peines, outre les améliorations apportées par lui au fonds cultivé, ce fonds lui-même ?

La terre est de propriété humaine. Elle appartient aussi bien aux générations à venir qu’aux générations présentes.

Dès lors, donner à tel homme, de telle époque, un droit perpétuel sur la terre, c’est déposséder l’humanité future.

Et n’est-ce pas une absurdité que d’attribuer à un être qui passe — et si vite — une possession éternelle ?

On ne peut pas nier que la terre ne soit la propriété commune de l’humanité. Est-il juste, par conséquent, de l’aliéner aux mains de certaines familles ?

C’est ici que les communistes ont raison.

Et cependant, il faut le répéter, on ne peut frustrer un homme du prix de son travail, un père du droit de transmettre à ses enfants ce qui est à lui, un ami du même droit vis-à-vis de son ami.

Mais pourquoi confondre ces deux choses différentes : le fonds sur lequel s’exerce le travailleur, et le produit du travail ?

Une coutume existe dans nos campagnes : quant un fermier entre en possession d’une terre, on estime la valeur des instruments aratoires, du bétail et des provisions qui garnissent la ferme ; quand il la quitte, on les estime de nouveau et, selon que la valeur s’est accrue ou diminuée, le fermier se trouve créancier ou débiteur.

C’est l’application trop partielle, et sauf les fermages, de la vraie loi de propriété.

L’homme est le fermier de la terre.

Son droit de propriété consiste dans les fruits de son travail, outre la plus-value qu’il donne, on peut donner, par ce même travail, au fonds qu’il exploite. Ce produit de son