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UNE DRACHME DE LANGUE

dans le livre. Et toi, juif, as-tu apporté un rasoir ? demanda-t-il.

— Certainement, répliqua le juif.

— Eh bien, alors, dit le cadi d’un air très grave, coupe ; mais prends bien garde de ne pas couper plus d’une drachme ; car, sache bien que si tu coupais plus ou moins que ne porte la convention, tu ne pourras pas te justifier.

Le juif tressaillit et réfléchit un instant.

— Non pas, illustre effendi ; mais si je lui coupe plus que la drachme, je l’indemniserai avec de l’or ; si je lui en coupe moins, je lui ferai cadeau de ce qui restera.

— Par Allah ! juif, es-tu donc le cadi, pour oser dicter des lois devant le tribunal ? Allons, allons, coupe tout de suite.

Vous voyez d’ici l’embarras et le tourment du juif.

— Pardon, illustre effendi, je ne veux pas me mêler des affaires de notre souverain maître. Je sais que tu as l’habitude de juger d’après le livre… Je lui laisse les trente bourses ; je lui laisse son morceau de langue… Nous sommes de bons amis.

Le juge prit un air encore plus terrible, et, s’adressant aux gardiens : —  Qu’on me fasse