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UNE DRACHME DE LANGUE

C’est tout ce qu’attendait Meïra. Elle mit une main sur son front, l’autre sur sa poitrine, et dit :

— Cadi, ton bon cœur me met à l’aise et je puis t’implorer. Octroie-moi la faveur de siéger une heure, vendredi prochain, à ta place au tribunal.

— Par ma foi de Turc, dit le cadi, si cela peut t’être agréable, tu y siégeras toute la journée, je te le permets.

Meïra baisa les pieds et le tapis du cadi, le remercia et s’en alla, attendant toute joyeuse le vendredi.

Le vendredi arriva. C’était le jour fixé pour le remboursement de la dette. Omer n’avait pas un bechlouk (un franc) dans sa bourse, à plus forte raison n’avait-il pas trente bourses. Il fallait donc remplir l’autre clause de la convention. Le juif allait couper à Omer une drachme de sa langue devant le tribunal.

Meïra s’était levée de bon matin. Le cadi, dès qu’elle fut arrivée, la revêtit de ses vêtements et lui mit lui-même son turban sur la tête. C’était vraiment un drôle de cadi que cette femme qui allait juger.

Le vrai cadi se retira dans la chambre voi-