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CONTES SLAVES

gros joufflu ; il avait le ventre rond comme un muid.

— Qui es-tu ? demanda le prince, et que sais-tu faire ?

— Seigneur, je m’appelle Large, et je puis m’élargir à volonté.

— Montre un peu.

— Seigneur, sauvez-vous vite, bien vite dans le bois ! cria Large.

Et il commença à s’enfler.

Le prince ne comprenait pas pourquoi il lui disait de se sauver ; mais quand il vit Long se sauver dans le bois, il fit comme lui, et piqua des deux. Il n’était que temps, car Large l’aurait renversé avec son cheval, tant son ventre s’était brusquement élargi de tous côtés ; il remplissait tout l’espace aux alentours ; on eût dit une montagne.

Large cessa de s’enfler, respira bruyamment d’un souffle qui fit trembler les bois, et redevint ce qu’il était auparavant.

— Tu m’as chassé, dit le prince ; mais je ne trouverai pas tous les jours un gaillard tel que toi. Viens avec moi.

Ils continuèrent de marcher. Quand ils arrivèrent près des rochers, ils rencontrèrent