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LE CHEVEU MERVEILLEUX

d’un lac ; elle était en train d’enfiler les rayons du soleil pour en broder une toile faite avec des cheveux de jeunes gens. Dès qu’il la vit, il la salua ; elle se leva et lui demanda :

— D’où viens-tu, inconnu ?

Il ne répondit rien.

Elle lui demanda de nouveau :

— Qui es-tu ? Pourquoi es-tu venu ?

Elle lui fit encore bien d’autres questions ; il resta silencieux comme une pierre, indiquant seulement par gestes qu’il était muet et qu’il cherchait du secours. Elle lui dit de s’asseoir auprès d’elle, et, dès qu’il fut assis, elle lui tendit sa tête ; il se mit à chercher, et dès qu’il eut trouvé le cheveu rouge, il l’arracha et se sauva en courant de toutes ses forces. Elle s’en aperçut et se mit à courir après lui. Et lui, dès qu’il vit qu’elle allait l’atteindre, il jeta sur le chemin le mouchoir brodé, ainsi qu’on le lui avait dit : elle le ramassa, s’arrêta pour l’admirer. Pendant ce temps-là, il gagnait l’avance. La vierge ceignit le mouchoir autour de ses reins et se remit à courir. Quand il vit qu’elle allait l’attraper, il jeta le foulard rouge : elle s’arrêta de nouveau à regarder le foulard, et, pendant