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LE BÂTON ENCHANTÉ

ques, rouliers, colporteurs, en un mot tout le menu fretin des voyageurs.

Notre gars craignait fort de perdre sa serviette en ce tohu-bohu. Il se mit à chercher la maîtresse de l’hôtel. Il la trouva dans la cuisine, donnant ses ordres à vingt marmitons qui faisaient rôtir, griller, bouillir, frire et sauter toute espèce de viandes fort appétissantes. La dame avait l’air grave et se promenait majestueusement les mains dans les poches de son tablier. Notre gars s’approcha d’elle humblement, chapeau bas, et la supplia de vouloir bien prendre sa serviette en dépôt :

— Surtout, ajouta-t-il (aussi simplement que son aîné), ayez soin de ne point lui dire : « Serviette, sers-moi. »

L’hôtelière prit la serviette et l’emporta dans sa chambre. Quand tout le monde fut endormi, elle n’eut rien de plus pressé que de lui dire :

— Serviette, sers-moi !

Quel ne fut pas son étonnement de voir la table se couvrir des vins les plus exquis, des mets les plus délicats. Elle faillit s’évanouir de bonheur.

— Ce serait pourtant, pensa-t-elle, un joli