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LE BÂTON ENCHANTÉ

tent à pleuvoir comme des flocons de neige. L’aubergiste n’en croyait pas ses yeux !

— Ah ! si j’avais un mouton comme celui-là, pensait-elle, au lieu de ce misérable bouchon je ferais bâtir un grand hôtel, à l’enseigne du Mouton prodigieux… Non, cela me trahirait. Les grands seigneurs logeraient chez moi, et moi, au lieu de les servir moi-même, j’aurais tout un bataillon de garçons et de servantes qui m’appelleraient Madame et exécuteraient mes ordres. Mais, au fait… j’ai un mouton tout semblable, de même taille et de même laine ; je peux bien le substituer à celui-ci : le nigaud qui dort là-haut n’y verra rien, et, s’il s’en aperçoit, d’ailleurs, je saurai bien le faire taire.

Sitôt dit, sitôt fait. Le lendemain matin notre jeune berger partit avec un mouton qui n’était pas le sien.

À peine arrivé à la maison, il se mit à raconter ses richesses. Il croyait éblouir son père et ses frères par l’aspect du miracle.

— Mouton, secoue-toi !

Mais le mouton ne se secoua point.

— Secoue-toi ! répétait ton maître d’une voix désolée.

Rien ! À la fin il eut retours aux coups,